L'algérie en couleurs

Résolu
magoturf Messages postés 1 Date d'inscription vendredi 4 mai 2012 Statut Membre Dernière intervention 4 mai 2012 - Modifié le 3 avril 2017 à 14:44
 Renée - 27 janv. 2013 à 14:57
Bonjour,
Mes petits enfants ont cru me faire plaisir en m'offrant ce livre pour Noël : « L'Algérie en couleurs », aux éditions Les Arènes, écrit en collaboration par Tramor Quemeneur et Slimane Zeghidour.
Il s'agit de photographies prises par les appelés pendant la guerre, donc entre 1954 et 1962. A priori cela paraissait très sympathique et l'aurait sans aucun doute été sans les commentaires tendancieux, les contradictions flagrantes et le tissu de contrevérités des deux auteurs.
Mais permettez-moi tout d'abord de me présenter. Il faut bien que messieurs Quemeneur et Zeghidour sachent qui s'adresse à eux.
Né à Bab-el-Oued et élève du Lycée Bugeaud j'ai été engagé par Albert Camus comme « pigiste » au quotidien Alger Républicain à l'âge de 15 ans. Chef de rubrique à La Dépêche d'Algérie, correspondant de L'Aurore/Paris et Le Méridional/Marseille pendant la guerre d'Algérie puis à la rédaction parisienne de L'Aurore. Quotidien pour lequel j'ai « couvert » le procès des « barricades » et ceux des généraux Salan et Jouhaud. Auteur d'une quinzaine de livres, dont « Camus l'Algérois » et « Ahmed Rafa, le premier général franco-algérien de l'armée française » mes deux prochains livres paraissent en mai 2012 : « De Gaulle, sa face cachée » et « 50 ans...c'était hier l'Algérie Française ». Manuscrit qui, si j'ai bonne mémoire, a été entre les mains des éditions Les Arènes, et je comprends mieux, à présent, les raisons de son rejet.
Mais revenons aux commentaires des deux auteurs de ce très beau livre de photos. Je serais très étonné que tous les « appelés » qui ont eu l'amabilité de leur envoyer ces photos soient totalement d'accord avec certaines affirmations totalement partisanes.
Et cela saute aux yeux dès les premières lignes : (introduction de Slimane Zeghidour)
-Elles saisissent au vol sans fioritures ces moments de rupture, suivent pas à pas les fellahs errants, étape par étape leur sédentarisation brinquebalante, leur tout premier contact avec de « vrais « Français, leur initiation aux soins, leur découverte de l'école...
Cela insinue, déjà, que tous les Français qu'ils ont pu rencontrer jusqu'à cet instant, nés en France et arrivant de France, n'étaient pas de « vrais » Français mais des « colonisateurs ». Qu'ils ne venaient pas de métropole pour les aider mais pour les exploiter.
-Je suis né sujet « français de souche nord-africaine », puis devenu début 1958 « citoyen français » à part entière, puis « algérien » grâce à l'indépendance en 1962 avant de m'installer douze ans plus tard en métropole pour redevenir un Français « réintégré »
Slimane Zeghidour voudra bien m'expliquer comme il est devenu début 1958 « citoyen français » à part entière puis « algérien » grâce à l'indépendance en 1962. S'il était Français à part entière en 1958 il ne pouvait pas redevenir algérien à l'indépendance en 1962, il serait resté Français tout court.
D'autre part, si « grâce » à l'indépendance il est redevenu Algérien pourquoi a-t-il tenu à « redevenir » Français douze ans plus tard ? D'autant plus qu'il ne cache pas son sentiment de satisfaction qu'Alger soit « libéré du joug français ».
-« Un demi-siècle après le départ des « colons », Alger ne compte pas moins de vingt-sept quotidiens francophones contre trois la veille de la « libération du joug français ».
Slimane Zeghidour a un grave problème avec l'arithmétique : quand il indique 27 quotidiens francophones il parle de l'ensemble de l'Algérie et quand il indique 3 quotidiens français la veille de l'indépendance ! Il ne parle que d'Alger, or il y en avait 5 : L'Echo d'Alger, La Dépêche d'Algérie, Le Journal d'Alger, La Dépêche Quotidienne, Alger Républicain et il s'agissait de « vrais » quotidiens et pas de « feuilles de choux » comme le plus grand nombre des 27 actuels.
-Il y a désormais, au grand jour, une « part française » dans le coeur de l'Algérie souveraine et une « greffe » algérienne dans le corps social de la France post-coloniale. L'une et l'autre sont irréversibles et plus tôt chacun l'admettra une fois pour toutes au lieu de s'en offusquer mieux les deux peuples s'en porteront.
La seule « part française » dans le coeur de l'Algérie souveraine c'est celle qui consiste à la quitter le plus vite possible afin d'échapper aux conditions de vie désastreuses et venir très vite bénéficier de l'assistanat de la France « post-coloniale ». La « petite part » c'est celle qui regrette le départ des « colons exploiteurs » car elle est suffisamment objective pour admettre qu'elle vivait bien mieux « avant ». Quant à la « greffe » algérienne dans le corps social de la France elle n'est vraiment, comme il l'affirme, que « sociale ». Les Français d'origine algérienne n'ont rien greffé, et non rien à greffer, ils sont Français tout simplement.
-Ils sont venus concilier les Musulmans et les Européens (les appelés)
Désolé de vous décevoir, messieurs, mais les « appelés » ne sont jamais venus en Algérie afin de concilier les « Musulmans » et les « Européens ». Ils n'auraient d'ailleurs jamais dû être envoyés en Algérie. Il s'agissait d'une guerre de soldats professionnels et envoyer des centaines de milliers de jeunes français « se faire tuer » pour défendre des « colonialistes qui faisaient suer le burnous aux pauvres Arabes », comme l'ensemble de la presse de gauche présentait et désinformait, c'était le meilleur moyen de retourner contre les « Européens d'Algérie » la très grande majorité des métropolitains.
-Nos histoires sont donc indissociables... Le simple bon sens voudrait qu'on la lise avec quatre yeux et qu'on l'écrive à quatre mains... vécu« avec » vécu, chacun s'évertuant à se mettre à la place de l'autre afin de mieux l'entendre et de mieux se comprendre soi-même.
Cela partait sans doute d'un bon sentiment mais « lire avec quatre yeux qui regardent dans la même direction » et « écrire avec quatre mains qui n'ont que la même histoire à raconter » ce n'est pas se mettre « à la place de l'autre » c'est rester tous deux à la même place. Quant au « vécu avec vécu » nous en reparlerons. Je ne sais quel âge a Quémeneur mais en parcourant sa bibliographie il ne fait pour moi aucun doute à quel parti il appartient. Historien de l'Algérie, paraît-il, je serais très intéressé de connaître son « vécu » là-bas.
-(Page 13) - Bien sûr, les « pieds-noirs » ne sont pas des magnats repus faisant « suer le burnous » à l'envi, non ce sont des petits fonctionnaires ou des artisans.
Je suppose que c'est M. Quémeneur qui écrit cela ! Je me permets de lui signaler que parmi « les pieds-noirs » il y avait bien quelques « pieds-noirs » magnats repus qui faisaient « suer le burnous ». Les « gros colons » : les Blachette, Borgeaud, etc. Quant à la très grande majorité pourquoi « petits fonctionnaires ou artisans » ? D'abord de très nombreux fonctionnaires n'étaient pas des « pieds-noirs » puisqu'ils étaient envoyés par la métropole et pas nés en Algérie et d'autre-part il y avait parmi les « pieds-noirs » de hauts fonctionnaires, des industriels, de grosses entreprises et plus de 30.000 fermiers (ou colons si vous préférez, pour moi le mot n'est pas péjoratif) dont la surface n'était pas supérieure à celle de la très grande majorité des fermes en France métropolitaine.
-(Page 14) - C'est aussi à Bab-el-Oued, le faubourg « petit blanc » algérois, que les six chefs historiques de la « révolution de novembre » entrent chez un photographe pied-noir, la veille de la toussaint 1954 pour prendre la photographie historique...
Vous faites bien de le signaler, mais pourquoi « faubourg petit blanc » ? Vous auriez pu préciser « faubourg petit rouge » car Bab-el-Oued était communiste et le photographe également communiste. C'est Bab-el-Oued qui a élu maire d'Alger le communiste général Tubert. C'est à Bab-el-Oued, rue Koecklin, que se situait le quotidien communiste Alger Républicain et c'est Bab-el-Oued « la rouge » qui a fourni la grande majorité des commandos OAS et c'est Bab-el-Oued « la rouge » qui a été bombardée et massacrée par l'armée française en mars 1962. Il faudra vous en souvenir.
-(Page 27) - Un nid de pirates barbaresques d'autant plus honni par les Etats européens qu'elle n'eut pour deys non point des Turcs, encore moins des autochtones, mais des renégats, ces chrétiens allemands, italiens, grecs, flamands et même...français qui choisirent l'Islam et le « djihad en mer » contre les infidèles.
Je suppose que ces lignes sont écrites par l'historien Quémeneur ? J'espère qu'il voudra bien nous communiquer les noms de tous les deys d'Alger qui furent des renégats « européens et chrétiens » qui choisirent l'Islam ?
-(Page 30) - Des milliers de pionniers s'installent sur les meilleures terres arables que leur offrent l'Etat et d'où ont été expropriés Arabes et Kabyles.
-Avec l'aide de journaliers indigènes, au prix de milliers de morts de malaria, ils assèchent les marécages, bonifient les sols, et implantent des espèces exotiques, etc.
Alors là, messieurs, vous atteignez le sublime de la contre-vérité et de la contradiction car si « les meilleures terres arables » d'Algérie n'étaient que des « marécages » ce n'était vraiment pas la peine de les exploiter. Il est bien vrai que des régions entières de marécages ont été « offertes » aux premiers pionniers, aussi bien dans la Mitidja que dans la région Bônoise et ailleurs et il est vrai également que des milliers sont morts pour les assécher et les bonifier (car j'espère que vous parlez des « pionniers » et non pas des Arabes qui eux habitaient déjà ces « marécages » ?) D'autre-part une contre-vérité flagrante : ces « marécages » n'ont jamais appartenu aux Arabes et encore moins aux Kabyles et ils n'ont donc jamais été « expropriés ». Ces terres n'appartenaient à personne. Les Arabes et les Kabyles qui exploitaient de petites fermes les ont gardés et nombreux sont ceux qui les ont « vendu » aux nouveaux arrivants et souvent en multipliant les prix. Les expropriations sont survenues bien plus tard lorsque, après des révoltes et elles furent nombreuses, les terres des « révoltés » étaient saisies et réparties à de nouveaux fermiers.
-(Page 30) - Un miracle si ce n'est l'inégalité foncière entre colons et indigènes, redevenus journaliers sur leur sol ancestral.
Poursuite de contre-vérités. Les « indigènes » étaient loin d'être tous des fermiers, ils étaient même peu nombreux, la grande majorité appartenant à des tribus qui vivaient davantage de pillages et de razzias que d'agriculture. La minorité qui était des fermiers employaient également des « journaliers » bien évidemment et, enfin, leur sol ancestral !!
-(Page 30) - Au milieu du XXe siècle 6400 colons exploitent trois-quarts des sols cultivables...
Ces sols n'étaient pas « cultivables » avant l'arrivée des « colons ».
-(Page 30) - Tandis que 5,3 millions de paysans musulmans consomment moins d'eau potable que 120.000 européens, la plupart citadins.
Peut-on faire preuve d'autant de mauvaise foi ? Car, je le suppose, il est question dans ces chiffres de la consommation d'eau pour les besoins personnels et non pas pour les besoins de l'agriculture. Est-ce que 15 millions d'agriculteurs français consomment autant d'eau, pour leurs besoins domestiques, que 2 millions de « parisiens » ?
-(Page 33) - Les appelés du contingent, eux, comprennent mal ces colons dont ils sentent la défiance à leur égard, et qui vont parfois jusqu'à leur faire payer un verre d'eau...
Vous avez droit là à mon mépris le plus total. Vous reprenez une phrase qui a fait le tour des rédactions de toute la presse de gauche sachant parfaitement qu'elle ne reflète aucunement la réalité. Je suis certain que parmi tous les appelés qui vous ont adressé leurs photos souvenirs pas un seul n'a affirmé avoir dû payer un verre d'eau. Bien sûr qu'il est fort probable qu'un fermier (il y a toujours un con quelque part) a pu faire payer un verre d'eau à un appelé, comme il me l'aurait fait payer à moi ou à vous. Comme un paysan d'une province française me l'aurait également fait payer ou à vous. Ce commentaire de votre part suffit à m'autoriser à penser que le but de ce beau livre, et sous le couvert de belles photos, est de faire passer votre message anti-colonialiste.
-(Page 34) - Les travaux quotidiens de la ferme sont l'apanage des « Arabes » qui sont aussi journaliers sur des champs qui appartenaient à leurs ancêtres. On y fabrique entre autres objets, des tonneaux, indispensables pour le vignoble algérien.
Bis-répétita afin de mieux enfoncer votre clou : vous auriez préféré que les « colons » européens fassent venir d'autres européens pour travailler sur leurs fermes et laissent les « Arabes crever de faim ? » Sur des champs qui n'ont jamais appartenu à leurs ancêtres, ni à personne d'ailleurs. D'autre-part vous m'indiquerez quand vous avez vu un tonneau être construit dans une ferme ? Que ce soit en métropole, en Algérie, ou n'importe où dans le monde, les tonneaux à vin sont fabriqués par des tonneliers, et ils n'en manquaient pas en Algérie.
-(Page 36) - 22000 exploitants agricoles européens possèdent à eux seuls pas moins d'un bon tiers de la superficie agricole totale, soit 2.8 millions d'hectares !!
Donc, si je vous suis bien, les deux autres tiers de la superficie agricole totale sont exploités par les « indigènes » ? Possédaient-ils 5.6 millions d'hectares en exploitation avant 1830 ?
-(Page 37) - Les chibanis - « vieux » en arabe algérien - en gandoura et burnous ou manteau sont, peut-être, d'anciens cafetiers, maçons ou chauffeurs de taxis à Paris ou Marseille !!
Avez-vous connu beaucoup de cafetiers ou chauffeurs de taxis à Paris ou Marseille avant la seconde guerre mondiale ?
-(Page 43) - Ignorant l'école, livrés à eux-mêmes, ce sont des adultes précoces ou, qui sait, de futurs militants du FLN !
Ou, qui sait, de futurs harkis, moghzanis ou soldats de l'armée française ?
-(Page 52) - Un tract signé par un Front de Libération Nationale jusqu'alors inconnu, revendique ces actions et s'en explique dans un texte qui fera l'effet d'une bombe ne réclamant rien moins que « l'indépendance nationale »
C'était loin d'être une nouveauté. Depuis des décennies cette « indépendance » était réclamée, y compris par le même parti qui n'avait que changé d'initiales.
-(Page 53) - Plus de 120 personnes succombent dans cette tuerie... L'armée entre-t-elle en guerre à son corps défendant ? Non, elle ne se bat pas contre des soldats ennemis, elle pourchasse des « fanatiques ».
Il s'agit du massacre d'El Alia, vous auriez pu le préciser et, à votre avis, ces « assassins » étaient-ils des soldats ou des « fanatiques » ?
-(Page 53) - La répression, menée par les soldats et des escouades de « pieds-noirs », lynchant et fusillant des centaines de musulmans innocents, etc.
Parce que, selon vous, les 120 victimes de ce massacre, de très nombreux enfants, même bébés, autant de femmes que d'hommes qui partageaient le même village que les « assassins », n'étaient-ils pas des « innocents » ? Puisque vous êtes « historien » vous me procurerez des témoignages de vos « militaires » qui ont vu des « escouades » de « pieds-noirs » lynchant et fusillant ces centaines de musulmans « innocents » car à El Alia personne ne les a vues.
Votre photo (page 59) présente-t-elle « une djoundiya qui a pour corvée le port de la radio qui pèse autant que son petit corps et qui rend toute fuite impensable » prisonnière de qui ? De l'armée française ou de l'ALN ? Vous devriez le préciser afin que l'on puisse vous répondre ?
-(Page 68) - Crapahuter à travers un relief tourmenté, pentu, souvent schisteux et glissant, encombré de broussailles épaisses, en un mot, un paysage sauvage, à mille lieues des images d'Epinal sur « l'oeuvre civilisatrice de la France »
Plus de mauvaise foi « tu meurs ». Voulez-vous des milliers d'images sur « l'oeuvre civilisatrice de la France » ? Elles sont à votre disposition, vous pouvez en faire un nouvel album aussi intéressant que celui-ci. Des paysages comme celui que vous décrivez je peux vous en faire visiter des centaines en France métropolitaine.
-(Page 72) - L'eau claire d'un oued permet alors de se désaltérer, voire de se baigner...
Mais également « de se faire massacrer » par les fellaghas tirant sur ces jeunes corps de « vrais Français » offerts en victimes expiatoires. Combien de vos enfants, mères françaises, sont morts en se « baignant dans l'eau fraîche d'un oued » !!
-(Page 85) - Conquis et rattaché à l'Algérie par les Français, le Sahara s'enfonce jusqu'au coeur de l'Afrique.
Et offert aux Algériens par les accords d'Evian où il fallait tout céder sans rien recevoir en échange. C'est grand, c'est généreux, la France...avec ses ennemis.
-(Page 91) - Or, en ciblant à l'aveugle les musulmans sans inquiéter les pieds-noirs ultras, pourtant responsables de sanglants attentats à l'explosif, les autorités militaires servent les desseins d'un FLN dont la tactique en un mot serait de tabler sur un divorce aussi sanglant qu'irréversible entre musulmans et Européens.
Il est question de la période englobant « la bataille d'Alger », donc jusqu'en 1958. Ayez l'obligeance de me dresser la liste des attentats sanglants à l'explosif causés par les « pieds-noirs » ultras durant cette période et expliquez-moi les raisons pour lesquelles vous précisez si souvent « entre musulmans et européens » et non pas l'exacte vérité, c'est-à-dire « entre Arabes et Européens ». S'il est souvent prononcé en métropole le mot « musulman » n'indiquait pas les indigènes. On n'a jamais entendu, en Algérie, l'insulte « sale musulman », mais lorsque les enfants s'insultaient il s'agissait de « sale Arabe » comme l'on disait « sale juif », « sale macaroni », « sale espagnol », etc. Donc précisez : « un divorce aussi sanglant qu'irréversible entre Arabes et Européens ».
-(Page 106) - Qui plus est un pays au relief tourmenté, un univers rural surpeuplé et enclavé, quasi inaccessible par la route, hors de portée de « l'oeuvre civilisatrice » si chère au discours républicain.
Je ne sais pas si vous êtes d'origine marseillaise, cher monsieur, mais écrire « un univers rural surpeuplé » n'est-ce pas un tantinet exagéré ? Inaccessible, enclavé, hors de portée, oui, et vous vouliez que « l'oeuvre civilisatrice » de la France arrive jusqu'à cet univers en moins d'un siècle ! Alors qu'en France métropolitaine il est des univers ayant les mêmes caractéristiques que celles que vous citez et qui attendent toujours que « l'oeuvre civilisatrice républicaine » parvienne jusqu'à eux...
-(Page 111) - Il n'est pas rare que des soldats indélicats en profitent pour rafler des biens trouvés dans les coffres : un peu d'argent, bijoux, tissus, bibelots ...
Comme vous l'écrivez : « de vrais français »... pas comme ceux qui habitaient près d'eux depuis un siècle et plus et ne leur volaient rien. Est-ce que ce sont les « appelés » qui vous ont envoyé leurs photos et qui vous ont raconté ces anecdotes ou sont-elles uniquement de votre imagination?
Vous parlez des « harkis » : (Page 114) - D'aucuns s'efforcent de « sauver les meubles » en conciliant loyauté à l'égard de la France et fidélité à l'endroit de leurs « frères ». D'autres n'échappent pas au vertige des sévices, commettent des atrocités et des assassinats.
Ce qui, bien entendu, explique pour vous la vengeance traduite par le massacre de plus de 60.000 « harkis » par « leurs frères » qui en 8 années de guerre ont assassiné plus d'Arabes que l'armée française et l'OAS réunies.
J'ai déjà, hélas !, rencontré des individus de mauvaise foi mais comme vous, messieurs, je pense que c'est la première fois que cela m'arrive et, je l'espère, la dernière car vous atteignez des degrés ou l'ignominie frôle l'insulte.
-(Page 126) - « Il faut attendre les « évènements » et les opérations de « maintien de l'ordre » pour que des milliers de musulmans, peut-être des millions, voient, et ce pour la première fois, un « roumi », un « francaoui », un Français.
Donc, si je vous comprends bien, ces milliers, ces millions (peut-être) d'Arabes (et non de musulmans) voient un « Français » pour la première fois après plus d'un siècle d'occupation de « leur sol », après que ces « faux français » leurs aient confisqués leur terre ? Ils ont dû être très surpris de voir enfin « un blanc », sans doute ont-ils pris les « appelés » pour des extra-terrestres venus les sauver !!
-(Page 126) - Un désarroi qui vire à l'indignation, surtout à l'encontre des « gros bonnets » pieds-noirs qui, par leur refus de tout effort d'évolution des musulmans, ont plongé le pays dans un dénuement médiéval, au sein même de la république. Dépourvus de moyens, mais non de générosité, des « appelés » tentent d'adoucir le sort des populations, et d'abord des enfants. Un élan qui leur vaut l'appellation de « vrais » français, sans doute le plus bel et le plus paradoxal hommage à la France.
Juste quelques mots pour vous rappeler que ces « gros bonnets » étaient de « vrais français » qui venaient de France afin d'exploiter « pour la république française » les terres qui leurs avaient été distribuées. Que pour plonger le pays dans un dénuement médiéval il aurait d'abord fallu que ce pays ait existé avant l'arrivée « des français » et qu'il ait connu un début de civilisation, ce qui n'est pas le cas. Enfin, pour en terminer avec vos imaginations débridées, la métropole française aurait bien voulu se trouver dans un dénuement aussi médiéval que la plupart des villes et villages d'Algérie. Votre prochain livre devrait nous parler de l'Algérie médiévale avec les milliers de photos qu'ont certainement prises « vos appelés » des villes et villages d'Algérie.
-(Page 128 et 129) - Ils posent, circonspects, pour un thé de l'amitié, un moment presque exotique pour un jeune soldat.
Photos sympathiques, également la suivante, page 129, celle du « petit noir », mais nombreux sont ces jeunes soldats qui après ce thé ou ce café se sont retrouvés égorgés par des commandos de l'ALN, prévenus par les « gentils » villageois, grâce au « grand sourire » avec leur sexe et leurs testicules enfoncés dans la bouche.
-(Page 132) - Ces métropolitains (les appelés) découvrent, ébahis, souvent indignés, un aspect de la France aux antipodes de son image d'Epinal, si loin de la « mission civilisatrice ». Beaucoup se mettent au service de leurs voisins, avec une abnégation qui n'a d'égal que le désintérêt et qui laissera un souvenir ineffaçable parmi de nombreux musulmans.
Votre prochain livre d'images « d'Epinal » devrait aussi nous apporter les témoignages de ces « nombreux Arabes (et non musulmans) » qui ont gardé un souvenir ineffaçable de vos « appelés et vrais français ». En revanche, je peux vous proposer des milliers de témoignages d'Arabes qui ont gardé un souvenir ineffaçable de ces « pieds-noirs » qui les ont maltraités, exploités et même torturés paraît-il, au point même qu'ils regrettent leur départ alors, que je sache, ils n'ont jamais regretté le départ des « appelés » et de leur abnégation désintéressée...
-(Page 140) - Des instits venus de la métropole tombent de haut : au beau milieu du XXe siècle, le sacro-saint credo républicain de l'instruction obligatoire et gratuite n'a pas cours en Algérie, soit sur un immense pan du territoire national, où l'on ne compte qu'un garçon musulman sur dix inscrits à l'école primaire. Une fille sur vingt seulement sait lire et écrire.
Votre collègue Zeghidour aurait pu vous informer, s'il est de bonne foi et connaît l'histoire de ce pays, que les Arabes (et non les musulmans) n'étaient pas du tout intéressés par une instruction donnée aux filles qui, d'après eux, n'avaient nul besoin d'être instruites pour le rôle qu'elles avaient à jouer dans leur société. Que tous les parents qui souhaitaient que leurs enfants soient scolarisés pouvaient le faire « gratuitement » et que la grande majorité qui allait à l'école primaire était retirée dès l'âge de dix ans pour « travailler » aux champs et garder les animaux domestiques. Quant aux « instits » ils venaient en grande majorité de France métropolitaine et républicaine, et cela depuis la conquête, et que, comme en métropole, ils étaient pour la très grande majorité socialistes et communistes. D'autre-part je tiens à votre disposition la liste de plus de 90 d'entre eux qui ont été assassinés par le FLN parce que justement ils voulaient apprendre à lire et à écrire aux enfants « Arabes ».
-(Page 146) - Un travail d'un réel mérite, finalement terni par un évènement spectaculaire qui s'est produit à Alger, au printemps 1958, lorsqu'on vit des européens obliger, en public, des musulmanes à se dévoiler, en signe d'adhésion aux « valeurs françaises ».
A l'ignominie, à l'insulte, vous ajouter le mensonge. Où étiez-vous au printemps 1958, vous ou votre collègue Zeghidour ? Pas à Alger car alors vous n'auriez jamais assisté à la scène que vous décrivez. Des centaines de « musulmanes » comme vous dîtes, se sont en effet dévoilées mais volontairement et sans aucune obligation, moi j'y étais au milieu de cette foule et accompagné par des dizaines de journalistes. Nous avons toujours vécu en Algérie à côté de femmes voilées et cela ne nous a jamais posé un problème. Est-ce que les « européens » sont actuellement en Algérie, en Tunisie ou au Maroc pour obliger les jeunes femmes à se dévoiler ? Elles le font, pour le moment mais cela ne saurait durer, de leur propre gré.
-( Page 148) - Dans le bled, où les infections fauchent un enfant sur trois avant l'âge de trois ans, l'Assistance médicale gratuite passe pour une fée. L'AMG sauve des milliers de vies, grâce au dévouement des médecins militaires, d'aides-soignants et d'infirmières dont la bonté et la compassion ont donné lieu à des chansons populaires, etc.
Quelle chance effectivement pour ces populations abandonnées que l'arrivée des médecins militaires, etc. Avant leur arrivée il n'existait aucune assistance médicale gratuite...c'était le génocide organisé ! Avant la conquête plus d'un enfant sur deux était fauché à la naissance et avant sa troisième année, la moyenne d'âge de la mortalité était de 20 ans et il y avait moins de 400.000 Arabes sur ce territoire. Quand les médecins militaires, les aides-soignants et les infirmières sont arrivés, d'après vous avec « les appelés » donc après 1956, il y avait en Algérie 10 millions d'Arabes, et cela malgré les épidémies, notamment le typhus que j'ai connu. Comme génocide on pouvait espérer mieux, non ?
-( Page 162) - Piments rouges, à faire sécher en attendant l'hiver, piments verts à consommer dans l'immédiat, très piquants, indispensable pour rehausser le goût d'un ordinaire frugal. Le poids de 250 g, posé sur un des plateaux de la balance, indique qu'on a affaire à d'humbles clients n'ayant pas les moyens d'acheter en plus grosse quantité.
Même sur un plan purement gastronomique vous trouvez l'occasion de désinformer. Le poids est-il bien de 250 g ? Et quand cela serait, nous devions faire partie, ma famille et moi-même, d'humbles clients car nous n'avons jamais acheté plus de 250 g de piments très piquants, très peu de gens à ma connaissance d'ailleurs le faisait, et ce n'était pas uniquement dans le but de rehausser le goût d'un ordinaire frugal mais parce qu'on appréciait la saveur du piquant tout simplement.
-(Page 169) - Pour nourrir le bétail lors des semaines de froid neigeux quand elles restent à l'intérieur des gourbis, sous les mêmes toits que leurs propriétaires.
N'était-ce pas souvent la même chose en France métropolitaine ? Je me souviens de reportage dans les années 1950/1960 en Côtes du Nord notamment, sans électricité bien sûr, où les toilettes n'étaient qu'un trou à 300 mètres de la « maison », qu'il fallait aller chercher l'eau à plus de 100 mètres, et que l'on mangeait une soupe dans des « trous » servant d'assiette, creusées dans le bois à même la table. D'un autre reportage dans un village près de Dijon, dans une ferme éclairée au carbure ou j'ai dormi séparé des cochons par une simple planche de bois, etc. Et nous étions au XXe siècle, dans la France moderne...
Exemples de contradictions flagrantes avec des affirmations précédentes :
-(Page 172) - Dans l'islam montagnard algérien, la « charia », la loi islamique n'y fut jamais appliquée, les « croyants » optant plutôt pour le droit coutumier berbère...
Quelques lignes plus bas : La femme fait tout, sauf sacrifier une bête, poulet ou agneau, le droit coutumier et la « charia » pour une fois d'accord, réservant ce « privilège » à l'homme.
-La femme sort à visage découvert, les cheveux sous un foulard, à l'instar de ses « soeurs » d'Italie ou de Grèce... Il n'y avait cependant pas d'européens pour les y obliger...comme à Alger au printemps 1958 !
-Rien ne leur sera épargné en tant que femmes, ni les tortures et les viols, ni, parfois, les représailles des éléments de l'ALN, quand ils sont convaincus d'avoir affaire à des « traîtresses ».
Je suppose que dans votre prose ces femmes sont torturées et violées par des éléments de l'armée française, donc des « appelés », donc de « vrais Français » et seulement « PARFOIS » elles subissent des représailles de l'ALN ?
-(Page 173) - Il est fréquent dans le Bled, de croiser des Musulmans blonds ou rouquins, surtout dans les Aurès et en Kabylie...
Il ne s'agit pas de « Musulmans » mais « d'Arabes » et surtout de « Berbères », et ils ne sont pas tous musulmans, en tous les cas ils étaient loin de l'être et ne le sont devenus qu'avec la complicité de la France.
Contradictions encore :
-(Page 180) - Les progrès de la médecine trop lents mais sûrs, ayant réduit une mortalité infantile endémique dans le bled, réputée « rafler » jusqu'à deux enfants sur trois.
-Les évènements, qui déracinent, ruinent et traumatisent des millions de fellahs n'en mettent pas moins en contact direct, et ce pour la première fois en un siècle de « civilisation française », des médecins, souvent militaires et de petits corps malades, surtout d'angines et de tuberculose.
Donc il mourrait avant la conquête plus d'un enfant sur deux, puis dans les décennies qui ont suivies la conquête, deux enfants sur trois et, enfin, un enfant sur trois grâce à l'arrivée des médecins militaires après 1956, et cela pour la première fois en un siècle de « civilisation française ». Qui donc soignait les Arabes avant l'arrivée providentielle de ces médecins « vrais français », et on éradiqué le choléra, le paludisme et dix maladies bien plus mortelles que les « angines » ? De « faux médecins, faux français » ?
-(Page 198) - Il fallait chercher ailleurs la vérité de la guerre d'Algérie. Ce livre est le fruit d'une récolte unique, réalisée pour la première fois grâce à l'appel...etc.
Il fallait chercher la vérité sur la guerre d'Algérie ailleurs ! C'est-à-dire ? Ailleurs où ? Les photos sans doute mais pas vos commentaires qui ne reflètent en rien la réalité. L'Algérie des « pieds-noirs » ne s'est jamais opposée à celle des « Français musulmans ». Ils ont collaboré ensemble pour que ce pays devienne un exemple. C'est la France « des Français » qui s'est trop souvent opposée à l'Algérie de ceux qui l'ont construite, c'est-à-dire les « pieds-noirs » et les « Arabes ».
J'ai « interviewé » des dizaines d'appelés et lu des dizaines de livres écrits par des « appelés ». Nombreux sont ceux qui n'ayant participé à aucune opération sérieuse ont souhaité se présenter à leur famille, à leurs amis, comme ayant réalisé certaines prouesses héroïques lors de leur séjour en Algérie ou leurs gestes d'humanité vis-à-vis de la population afin de se mettre en valeur. Beaucoup ont « inventé » des anecdotes qu'ils ont entendu raconter par d'autres et, hélas ! Nombreux sont morts et ne peuvent rien raconter.
Souvent j'ai entendu cette phrase adressée aux « pieds-noirs » : Nous sommes venus pour vous défendre.
Non, vous êtes venus défendre votre Patrie, la France. Vous avez été envoyés au « casse-pipe » par des gouvernements français qui ne voulaient pas de ces trois départements. On vous a trompé comme on nous a trompés et comme on a trompé les Arabes. Voilà la vraie vérité.
Je suis à votre disposition, messieurs Quemeneur et Zeghidour, pour débattre publiquement sur vos commentaires mais il est sans doute plus facile de les écrire sans contradicteur !

4 réponses

annie guerrini Messages postés 1 Date d'inscription lundi 14 septembre 2009 Statut Membre Dernière intervention 30 août 2012
30 août 2012 à 22:24
ca fait du bien d entendre que plein de paroles etaient fausses
merci
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Bravo Magoturf pour cette mise au point sur tout ce que l'on peut entendre et lire depuis plus de 50 ans sur notre histoire......
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Bonjour, c'est surtout une réponse des deux auteurs que j'attendais, et que j'attends toujours, mais apparemment ils préfèrent ne pas s'exprimer et vendre leur livre. Cordialement. Manuel Gomez
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Merci Monsieur pour cette vérité.

Je suis moi-même "pied-noir" dont les ancêtres sont venus en Algérie en 1930 en tant que militaire, employés de chemins de fer, agriculteurs, instituteur, architecte, ce petit peuple de France qui par son labeur a fait de ce pays envahis par les turcs, les pirates.... ce peuple de barbares qui arraisonnaient la flotte française, trois magnifiques départements.

Mon père a lutter jusqu'à la fin de sa vie pour que l'Etat francais ne fasse pas repentence, nous n'étions pas des colons, ce pays n'était pas colonisé, nos ancêtres l'ont construit avec les autochtones afin d'un faire un pays civilisé, ce qu'il était devenu jusqu'à l'arrivé des tueurs du FLN et ALN.

En s'appropriant du pétrole que nous avions découvert, il devient lui même l'exploitant au détriment des véritable autochtones.

Il y aurait beaucoup à dire, notre travail de mémoire sera long et difficile, merci encore..

Bien à vous, à bientôt

Renée Bautista
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