Aidez moi à comprendre cette « blague littéraire » de Nicolas Gogol

Konstantin - 5 mars 2020 à 21:31
 Nicolas10 - 17 août 2020 à 17:43
Bonjour à tous et à toutes :)

Je me suis lancé dans la lecture intensive de la Littérature russe (chacun ses délires). Dans l’excellent livre « Les Âmes Mortes » (de Nicolas Gogol) (partie deux fragment 1), le personnage principal - du nom de Tchitchikov veut plaire au général Bétrichtchev. Pour arriver à ses fins, il fait une sorte de « blague » qui a pour effet l’éclat de rire du général et le dégoût de sa fille. La blague repose sur un cours récit autours de la phrase « Aime nous le menton broussailleux ; on saura bien nous aimer la peau nette ». Le problème est que je n’arrive pas à comprendre le sens humoristique de cette phrase, et cela me frustre beaucoup - aimant beaucoup Gogol. J’arrive à saisir l’idée général de cette sorte d’axiome, mais je n’arrive pas à comprendre son sens humoristique.

Quelqu’un peut m’aider à comprendre en quoi cela est drôle ?


Si ça se trouve il est aisé de comprendre mais mon pauvre esprit n’y arrive pas. Peut être est ce la traduction ?? Mais au cas où voici quelques clés de compréhension générale pour quelqu’un d’étranger à l’œuvre.




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- Contexte du récit avant la blague :

La visite de Tchitchikov chez le général Betrichtchev a un contexte précis : il vient pour plaider la cause de son ami Tentietnikov.

Ce dernier a une histoire étrange et la voici :

Après une éducation exemplaire et de nombreuses péripéties, il se rend chez le général (Betrichtchev) qui le prend sous son aile. Il tombera amoureux de la fille de ce dernier. Après une succincte dispute sur le fait que le général tutoie Tentietnikov en présent de l’Aristocratie russe (pour le rabaisser selon Tentietnikov), Tentietnikov et Bétrichtchev ne se parlent plus et se détestent. La fille ne peut donc plus voir Tentietnikov (qui vit dans un état de solitude). Lors d’un séjour de Tchitchikov dans la maison de Tentietnikov, Tentietnikov lui fait part de son extrême mélancolie -étant loin de sa bien aimée. Tchitchikov lui répond donc en lui expliquant l’absurdité de la dispute (reposant sur un tutoiement), et la nécessité de retrouver la fille du général.

Tchitchikov se rend donc à la maison du général pour plaider la cause de son ami et dire qu’il s’excuse ...etc ...etc ... Il utilise le stratagème suivent : il veut faire croire au général que Tentietnikov ne s’excuse pas par respect, et que ce dernier écrit l’Histoire des généraux russes, et n’est donc pas idiot.

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Contexte pré blague :
Un peu avant le blague voici le sujet de conversation :
Le général et Tchitchikov parlent de Tentietnikov.
Entre alors dans le salon où ils se trouvent la fille de Betrichtchev.
Le général s’exclame alors « Notre voisin Tentietnikov n’est pas du tout aussi sot que nous le pensions ».
Elle rétorque énervée « Qui le jugeait sot ? Tout au plus Vichnépokromov, ce nul et vil individu en qui tu as confiance ! ». (On ne connaît pas cette personne). Elle dit ensuite à quel point cet homme est horrible et enchaîne : « Je ne comprends pas, pere, comment, doué d’un si bon cœur et d’une âme si haute, tu peux recevoir un homme qui t´est si inférieur et dont tu connais la méchanceté. ».
Le général poursuit : « Voyons, ma chérie, je ne puis pourtant pas le mettre à la porte ! ».
Elle s’exclame : « Soit. Mais pourquoi lui témoigner autant d’attentions ? Pourquoi l’aimer ? ».
Et Tchitchikov « juge bon » de dire : « Tous les êtres veulent être aimés, mademoiselle. L’animal lui même aime les caresses ; à travers les barreaux de l’étable, il tend son museau pour qu’on le caresse. »
Ici le général rigole à gorge déployée et dit « C’est bien ça ; il tend son museau pour qu’on le caresse !... Ha ! Ha ! Ha ! Il a tout le mufle, tout le corps barbouillés de boue, mais il réclame aussi, comme on dit, un encouragement... Ha ! Ha ! [...] L’animal pille, vole à pleines mains le Trésor, et par dessus le marché demande une récompense ! Toute peine mérite salaire dit il ! Ha ! Ha ! Ha ! ».

C’est ici que commence la fameuse vanne dont je ne saisie pas toute la subtilité humoristique :

Tchitchikov dit « Avez vous jamais entendu parler, Excellence, de ce que signifie : Aime nous le menton broussailleux ; on saura bien nous aimer la peau nette ?.
Le général dit « non ».
Tchitchikov raconte alors une histoire, base de sa blague, et la voici :

Un jeune allemand régisseur devait venir à l’occasion d’affaires, se rendre en ville pour fréquenter les gens en place et leur graisser la patte. Eux aussi le régalaient de sorte qu’il leur dit : « venait me voir à l’occasion ». Ils rétorquèrent « entendu ! ». Peu après, ces gens d’Etat devaient alors enquêter sur une affaire, mais au lieu de cela, se rendirent chez quelqu’un où ils buvèrent et jouèrent pendant trois jours et trois nuits. Ce quelqu’un en eu marre et invita les hommes d’Etat à se rendre chez le jeune allemand, pour s’en débarrasser. Pour qu’ils partent plus vite, il leur dit même que l’allemand les avaient invités. Ils arrivèrent donc chez l’allemand, complètement amochés, alcoolisés, et surtout : pas rasés. L’allemand est submergé et complètement surpris (il était en lune de miel avec sa femme). L’allemand leur dit qu’il ne les a pas invité mais les hommes d’Etat se trouvent si vexés par ce refus qu’ils se mirent à remuer les affaires de l’allemand et de le faire arrêter (dix huit mois de prison + amendes). Heureusement, un accord à l’amiable le tira d’affaire contre de l’argent et une invitation à dîner pour se faire pardonner. « Pendant le repas, alors que tous, y compris l’hôte, étaient déjà éméchés, ils lui dirent : « Tu vois ! Nous te dégoûtions ! Tu aurais voulu nous voir rasés. Non, aime nous le menton broussailleux ; on saura bien nous aimer la peau nette ! »

Le général éclate de rire.

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- En réaction à la blague, le général dit ceci :
« C’est parfait ! On aime, en effet, être encouragé ! On veut des caresses, car sans encouragements on ne saurait voler... Ha! Ha! Ha! »

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- En réaction au fait que son père éclate de rire, sa fille s’exclame :
« Ah! Papa! Je ne comprends pas que tu puisses rire ! C’est actes malhonnêtes ne m’inspirent que de la tristesse. Quand je vois la tromperie s’exercer au yeux de tous, sans que ces gens soient châtiés par le mépris public, je ne sais ce que je ressens, je m’irrite et deviens même méchante... »

On dit qu’elle « faillit pleurer ».

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Voilà j’espère avoir tout bien résumé. Je suis désolé si il y a des fautes. Je voulais ici comprendre ce qu’il y a de drôle, la traduction m’empêchant peut être de ne pas tout saisir ou alors je suis simplement c*n.

Merci à celles et ceux qui ont pris le temps de lire et de chercher, et à celles et ceux qui comprendront mieux que moi et m’expliqueront :)

1 réponse

Peut être parce que tout le monde portait la barbe en ce temps là en russie ?
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